
Une simulation d'une vraie saison, d'un vrai championnat, de vraies courses. Une véritable expérience de vie vécue avec des gens que je n'ai jamais vu, mis à part Pascal Roussel et Sébastien Touzalin. Une véritable expérience de pilote, sans les déplacements, sans les hôtels, sans les décalages horaires. Sans les mécanos, sans les techniciens, sans les commissaires, sans les officiels, sans public. Mais des courses avec un vrai team-manager, de vraies écuries et de véritables pilotes, dont certains ont un authentique talent et tous, tous vont vite...

Ce que je n'avais pas prévue, c'est que, tranquillement installé dans mon siège-baquet, derrière mon écran et mon volant numérique, j'allais vivre les mêmes doutes, les mêmes incertitudes et les mêmes difficultés que n'importe quel pilote débutant. Un pilote qui finalement n'est pas un surdoué du pilotage virtuel, pas plus que je ne l'étais en pilotage réel.

La simulation, simule parfaitement la course ; il en découle les mêmes conséquences. La simulation simule la vie. Et tous les mardis soirs, je suis rentré dans la peau d'un pilote. L'apprentissage du pilotage, virtuel ou réel est identique. Apprendre la course, les circuits, la conduite, les réactions de la voiture. Virtuel, réel, tout est pareil sauf la vitesse et l'adrénaline, des données essentielles en sport mécanique. Des données qui peut-être verraient la donne se transformer pour certains, car qui peut dire que tel pilote virtuose derrière son volant et son écran, aurait le cran de mettre son auto en glisse à plus de 300 km/h ?

Mais la simulation à ses propres contraintes et ces propres difficultés, qui finalement ne sont pas moindres que les difficultés d'un véritable pilote, la vitesse et l'adrénaline en moins. J'ai du apprendre, encore et toujours. Apprendre à perdre, apprendre à aller moins vite que tous les autres, apprendre à rester derrière, apprendre à gérer une course, apprendre à être patient. Apprendre à connaître la voiture, même virtuelle, ses réactions, son comportement et ses réglages. Apprendre à se situer sur la piste, apprendre à être humble. Apprendre, apprendre...

Je me suis aperçu également que je fonctionnais au moral. Les difficultés que j'ai rencontré sur la piste, cumulées aux difficultés de la vie ont contribué à ce début de saison que j'ai qualifié de catastrophique et qui finalement, je m'en rends compte aujourd'hui, était sans doute le passage obligé. Quand les soucis d'une vie professionnelle de plus en plus difficile vous accaparent l'esprit, on voudrait que la simulation ne soit qu'un jeu et n'y trouver que du plaisir et de l'évasion. La simulation n'est pas un simple jeu et ceux qui la considèrent comme telle ne réussissent pas à terminer une saison et surtout pas à France-Nascar. Je viens de revisionner "Jour de Tonerre", ce film sur la Nascar, avec Tom Cruise, et dès le début du film, on y apprend qu'être un bon pilote, ne suffit pas en Nascar, il faut apprendre la stratégie, la philosophie et surtout, surtout, ménager sa monture.

J'ai changé d'écurie parce que je sentais que je n'y comprenais pas grand-chose à ces courses américaines, exactement comme Cole Trickle débarquant de ses monoplaces, moi débarquant de mes courses de cyclos, dont d'ailleurs il me semble n'avoir qu'un vague souvenir. À mon arrivée chez RC Motosport tout m'a semblé merveilleux. Ronan me préparait des setups sur mesure et Cédric me donnait des consignes de courses, j'étais prêt à apprendre. Jusqu'au moment où, la simulation a continué à simuler la vie. Un team virtuel est une association d'hommes biens réels, avec leurs propres soucis. Ronan victime de surmenage a décidé de lâcher le championnat. Une incompréhension, un manque de communication au sein de l'écurie, Ronan abandonne la course. Quant à moi, je me sens de nouveau seul face à mes difficultés à essayer d'élaborer mes réglages. Après avoir provoqué un énième drapeau jaune, dépité, je me déconnecte. Cédric qui avait comme objectif de gagner le championnat écurie, se voit lâché par ses deux coéquipiers, chacun étant englué dans ses propres problèmes. La RC Motosport a été à deux doigts de disparaître.

Mais Cédric a réagi comme un véritable team-manager. Mise au point avec ses coéquipiers et reprise en main de l'écurie avec de nouveaux objectifs. Après avoir "abandonné" mes ex coéquipiers de la Réflex Racing Team, je n'avais guère envie de voir la RC Motosport disparaître et en être, pour partie, la cause. Mon désir était, certes, d'apprendre mais aussi d'avoir ce soutien d'une écurie d'expérience. Je fonctionne au moral, une donnée que j'ignorais, Cédric l'a comprit. Si l'on doit simuler la course, autant la simuler jusqu'au bout.
Et j'ai appris... La patience.

Si les résultats de fin de championnat ne sont pas significatifs sur le papier, les courses sont devenues plus perceptibles, la voiture plus facile à maîtriser, les adversaires plus prévisibles, le passage de la ligne d'arrivée plus fréquent. Cédric Le Comte, comme quand il était à la tête des Vaillant Boys, a tenu son rôle de team-manager, de coach comme on dit maintenant, comme un Harry Hogge à sa manière. À ses côtés, sur ses conseils, j'ai appris et tenté de tenir de mon mieux mon rôle au sein de l'équipe. Mon rôle d'apprenti pilote, de rookie. Mon seul but est désormais d'assimiler et de finir et je l'ai compris en effectuant une course sans l'affichage "F2" qui donne les positions de chacun et le classement instantané de la course. J'ai roulé pour rouler et du mieux que j'ai pu, sans aller m'occuper de quoi que ce soit d'autre, sans me mettre la pression et j'ai vu la ligne d'arrivée, classé dans le top 10. Je termine le championnat à la 9e place, le contrat est rempli. Et ce qui m'apparaissait impossible à la mi-saison s'est finalement accomplie sans pour cela avoir eut l'impression de me surpasser. Pour gagner un maximum de points, il faut d'abord terminer les courses.

Ainsi va la simulation, comme va la vie. Il faut s'accorder le temps d'apprendre.