vendredi 4 avril 2008

13 - FAIRE VIVRE UNE LIGUE

En fait, une ligue de courses automobiles sur simulateur informatique est avant-tout une histoire d'informatique, de PC, de carte graphique, de technologie et tout ça peut se réaliser grâce à Internet. Pour faire vivre une ligue, il faut des réglements et des hommes qui se chargent de les faire appliquer, mais il faut aussi des informaticiens qui soient capable de créer un site et d'assurer sa maintenance. Brice Rouffet est l'artisan de ce travail et de l'aspect technique de la gestion de la ligue. Comment ménager vie privée, temps de courses et gestion. Nous allons le voir, les choses ne sont pas simples...
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- Brice, tu es l'un des deux administrateurs du site et le cofondateur de France-Nascar. Comment gère-t-on une telle ligue ?
- Je reprendrai une expression de Patcor (Patrick Corbin, l'autre fondateur), comme une entreprise. Nous devons agir comme de véritables chefs d'entreprises. Même si nous devons paraître un peu durs dans nos prises de décisions, c'est indispensable pour la pérennité de la ligue. Comme tout bon chef d'entreprise, il faut savoir déléguer. A France-Nascar il n'y a pas que la gestion de deux championnats, celui de la Cup et le championnat Truck, il y a aussi les tests et l'école, ajouter à cela la tenue du site et du forum, c'est en tout une équipe d'une dizaine de personnes qui en assure la bonne marche.
- Pour assurer le fonctionnement du site et du forum, des connaissances en informatique sont indispensables ?
- Oui. Pour ma part, je travaille déjà dans l'informatique, mais il m'a fallu tout de même apprendre le langage HTML qui est celui de la programmation du site et le langage PHP qui permet de gérer les bases de données et qui rend le site plus dynamique.
- Malgré l'aspect virtuel de la compétition, de vraies relations humaines doivent s'installer ?
- Pour résumer la situation, je dirais que nous sommes une bande de copains qui, pendant un bon moment, ne s'était jamais vus, ou presque. Nous y avons remédier depuis deux ans, en organisant une rencontre au mois de septembre.
- Penses-tu que ces rencontres changent quelque chose ?
- Oui, quand on connaît un pilote, on n'a pas le même comportement sur la piste. Sa voiture, ce n'est plus un simple nom et un numéro ; c'est un visage, une voix, une façon d'être. On associe forcément tout ça à son pilotage et on comprend mieux. Ça incite à être plus prudent.
- L'investissement en temps par jour est de combien ?
- Hum ! Je dirai que pour l'optimisation du site et du forum, il faut deux heures par jour. La gestion et la participation aux courses, on peut rajouter une heure. Ajoutées à cela cinquante minutes de trajet quotidien pour aller travailler et une vie de famille avec un bébé, les journées sont biens remplies.
- Justement, et la vie de famille dans tout ça, tu es jeune père de famille, comment concilies-tu cette nouvelle situation et ta passion ?
- Ce n'est pas facile. J'essaie de faire en sorte que le bon fonctionnement de la ligue n'en pâtisse pas. Mais il faut aussi préserver sa vie privée. Avec Samantha, ma femme, nous nous sommes organisés et j'ai réduit le temps consacré à la ligue. Je ne participe plus au championnat Truck.
- Que pense donc la compagne de notre administrateur dévoué de la passion qui anime son mari ?
Samantha : Ce n'est pas évident tous les jours. J'ai un peu de mal à concevoir, pour quelqu'un qui travaille dans l'informatique, qu'il puisse se décontracter en se plantant de nouveau devant un écran d'ordinateur dès qu'il est de retour chez lui. Je n'ai pas non plus saisi l'intérêt de faire des tours en rond pendant deux heures devant cet écran. Mais c'est sa passion et il est heureux avec cette ligue. Et puis franchement, je préfère le voir rentrer tous les soirs chez lui, plutôt que d'aller retrouver des "copains", au café, à regarder un match de foot. Tout est une affaire de compromis et Brice l'a bien compris depuis que notre enfant est né.
- Vous avez donc trouvé un terrain d'entente pour ne pas léser l'autre.
Brice : Comme tu le vois. France-Nascar est important dans ma vie, mais ce n'est pas l'essentiel.
- Comment vois-tu l'avenir de la ligue ?
- Avec plus de pilotes et toujours aussi peu de drapeaux jaunes. Je suis persuadé que le travail que nous effectuons en amont, c'est-à-dire l'école, les tests et le sérieux avec lequel nous abordons chaque course fera en sorte que nous attirerons de plus en plus de pilotes. Notre but n'est pas seulement d'avoir mis en place une ligue, nous désirons avoir un championnat de haut niveau avec des pilotes qui sont à la fois dans l'esprit de la Nascar, mais aussi dans le respect de l'autre. Des gentlemen drivers, c'est notre état d'esprit.
- Ne crains-tu pas, avec une simulation de Papyrus vieillissante, que des pilotes quittent la ligue pour des simulations plus récentes et plus abouties ?
- Non, parce que les pilotes qui roulent chez nous sont de véritables passionnés de NASCAR. Ils suivent le championnat américain et regardent les courses à la télévision. Or, sur le marché, actuellement il n'y a pas d'autre simulation de NASCAR. Certes, certains pilotes sont partis, certains sont revenus aussi, car la simulation ne fait pas tout. Il y a de fortes chances qu'un éditeur se penche de nouveau sur le championnat NASCAR pour concevoir une nouvelle simulation, vu l'ampleur du phénomène aux USA. Et si cette simulation est vraiment aboutie, nous l'adopterons sans problème. Pour l'instant, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, NR 2003 reste parmi les meilleures simulations de courses automobiles jamais créées et les modders continuent à développer des add-on (programmes additionnels). Les circuits sont régulièrement mis à jour en fonction des transformations faites sur les véritables speedways, et les nouvelles voitures sont également disponibles sur Internet. On a de beaux jours encore devant nous et de beaux championnats à courir.
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La passion de Brice, le dévouement de Patrick et leur rigueur à tous deux font que France-Nascar existe et recèle d'excellents pilotes et un championnat qui ne demande qu'à grandir.

jeudi 3 avril 2008

12 - LA LIGUE FRANCE-NASCAR

Me voici inscrit dans une de ses fameuses ligues virtuelles constituées de bénévoles et de passionnés qui permettent à des dizaines d'autres passionnés de courses automobiles de réaliser leur rêve à moindre frais et sans aucun risque. Elle s'appelle France-Nascar et est dirigée par deux hommes : Brice Rouffet et Patrick Corbin.
La ligue sur Internet se compose de deux parties : Le site où l'on peut consulter les résultats des championnats, les calendriers, la présentations des pilotes, le réglement de fonctionnement de la ligue, etc. La deuxième partie est le forum, le liens entre tous les animateurs de la ligue, là où tout se passe hormis les courses, où tous se dit, le poumon de cette petite communauté. Les habitués de ce forum connaissent bien Patrick Corbin, il en est le principal animateur, saupoudrant de son humour décapant les différents postes. Mais on le connaît aussi pour son intransigeance face au règlement et ses prises de positions sans équivoques qui ont pour but de préserver l'esprit de la ligue. Je vous propose de découvrir un homme qui veut s'amuser sérieusement.
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- D'où te viens la passion des sports mécaniques ?
- Oh de tout jeune, je suis de la génération qui a vu les exploits de Niki Lauda, Gilles Villeneuve et la mécanique m'a toujours intéressé.
- Et les course à l'américaine ?
- Alors là, je les ignorais un peu jusqu'au jour ou je suis tombé sur une simulation sur ordinateur en démo, NR 2002. Au début, je ne comprenais rien à leurs courses et à leurs règles, mais j'avais déjà de bonnes sensations, alors que je jouais au clavier. J'ai fait tout le championnat au clavier, c'est pour te dire. La simulation m'a vraiment bluffé, une nouvelle passion était née. Ensuite je me suis engagé dans une ligue pour courir en online, contre de vrais pilotes. La ligue s'appelait Benzo. Puis il y a eu le team Phoenix, une ligue où Brice Rouffet faisait partie des administrateurs. C'est comme ça que l'on s'est connu. Je me suis investi et j'ai mis en place une première formule de tests pour appréhender le niveau des pilotes.
- Comment en vient-on à créer sa propre ligue ?
- Par désaccord. Petit à petit, avec Brice, on a songé à faire évoluer les courses. On en est vite arrivé à la conclusion qu'il valait mieux structurer les choses si on voulait avoir des courses qui ne s'éternisent pas à cause de trop de neutralisations, qui cassaient le rythme et ont tendance à rendre la course inintéressantes. Ces courses trop saccadées démotivent aussi bien les pilotes chevronnés que les novices. Nous voulions faire en sorte que le nombre de drapeaux jaunes diminue, mais les admis de Phoenix, mis à part Brice évidemment, ne l'entendaient pas de la sorte. Alors nous sommes partis créer notre propre ligue.
- Ainsi est née France-Nascar...
- Effectivement, et pas mal de pilotes nous ont suivis.
- Alors le but de France-Nascar est d'avoir des courses avec le moins de jaunes possible...
- Entre autres. C'est aussi une communauté de gens qui partagent la même passion et qui de temps en temps se retrouvent en vrai, et là c'est la franche rigolade. Tu vois l'ambiance sur le forum ? Et bien c'est la même, mais en "live". Ce n'est pas parce qu'on a réservé un restau pour midi, qu'à 19 heures, on n'y est pas encore.
- Pour mener à bien une telle entreprise, cela te prend combien de temps ?
- Je dirais 2 heures par jour. Aujourd'hui, je m'investis moins qu'avant, parce que je délègue. On ne peut pas tout faire soi-même, et fort heureusement, il y a des gars qui s'investissent vraiment. Je dirai que les admis que nous sommes, Brice et moi, on est là pour ouvrir et payer le serveur, et servir de chef d'orchestre, le reste, c'est l'affaire de tous.
- Mais vous avez tout de même instauré une certaine philosophie de la ligue.
- Tout ce qu'on veut, c'est d'avoir de belles courses, où l'on s'éclate tous ensemble. Hors pour réussir ces courses, il faut mettre en place un règlement draconien et ne rien laisser dériver. Donc ça demande beaucoup de rigueur. En plus, pour vivre des courses intenses, il faut aussi apprendre à piloter et Dieu sait si ce n'est pas facile de maîtriser la simulation. Beaucoup se découragent, car il faut accumuler des heures de roulage. Mais c'est à ce prix que l'on peut vivre des moments fantastiques, dignes de ceux que vivent les pilotes dans la réalité. Malheureusement, ce qui est dans l'air du temps, c'est le "tout" tout de suite et sans effort. Avoir cette attitude rend pratiquement impossible le fait de rouler avec nous. D'autant plus que le niveau s'améliore d'année en année et que nos pilotes n'amusent pas le terrain. Le rythme est de plus en plus difficile à suivre, surtout quand la course n'est ponctuée que d'un ou deux drapeaux jaunes. Croit-moi faut tenir le rythme. Il faut vraiment s'accrocher. Je pense que c'est pour ça que la moyenne d'âge est aussi élevée à France Nascar (33 ans). Les jeunes trouvent ça trop difficile et abandonnent vite. C'est d'ailleurs un peu lassant de consacrer autant de temps à leur en donner justement, des cours de pilotage, des tests, et de les voir finalement partir. Nous sommes une grosse quinzaine et nous avons vu passer une vingtaine de pilotes cette année. Ils partent ailleurs, parce que les contraintes sont moins fortes, puis lassé par les courses hachées et les engueulades sur les forums, ils passent à autre chose. C'est dommage. Mais il faut dire également que la simulation n'est pas pour les "hardgamers", qui sautent sur les nouveaux jeux dès leurs sorties et passent d'une ligue à l'autre. Ils ne connaîtront sans doute jamais ce que l'on ressent en remportant une victoire après avoir bataillé pendant deux heures durant et finir avec quelques centimètres d'avance.
- Comment vois-tu l'avenir de la ligue ?
- Je ne sais pas. Franchement je n'en n'ai pas la moindre idée. Peut-être qu'un jour tout s'arrêtera. Je pourrai alors me consacrer à mes autres passions. Pour l'instant, c'est une communauté où il y a de vraies amitiés qui se développent, j'aime cet esprit communautaire, comme en 68 "lol".
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C'est en 2003 que France-Nascar a vu le jour et le nombre de pilotes n'a fait qu'augmenter depuis. Même si beaucoup n'ont fait que passer, ceux qui sont restés n'ont que le bonheur de participer à des courses de haut niveau, dans un esprit bon enfant au sein d'une organisation sans faille, ou presque. C'est là que je vais m'appercevoir à quel point le niveau est élevé et à quel point les champions simracer n'ont de virtuel que la discipline dans laquelle ils évoluent, mais que leur talent lui, n'a rien de virtuel.