jeudi 20 mars 2008

11 - EXAMEN DE PASSAGE

Après quelques courriels, le rendez-vous est pris. Je passe les tests pour rentrer à l'école de pilotage de France Nascar, la seule ligue qui offre ce genre de prestation. Le grand soir est arrivé, nous sommes en octobre 2005, à quoi devais-je m'attendre ? Je n'en ai aucune idée. Aucune information sur les épreuves, ni sur le ou les circuits sur lesquels cela doit se passer, l'inconnue totale. Seul renseignement en ma possession est que selon mes prestations, je serai admis soit en école de premier niveau, ou en école de niveau deux, ou encore mais cas fort improbable, directement en championnat.

21 h 05, il est tant de se connecter. Sur l'écran du chat, la conversation bat son plein, personne ne roule. Pour moi, le plus dur est de comprendre qui parle à qui. Les questions fusent, les réponses arrivent trois à quatre lignes plus bas. Un charabia où la seule chose que j'arrive à comprendre, c'est qu'on est plusieurs à passer les tests. Mais qui est l'instructeur et qui est l'élève ? Soudain un certain PT#13 dit : "JC roule un peu pour te faire au circuit. J'en déduis que c'est de moi qu'il s'agit, je clique sur DONE et me voilà de nouveau au calme, dans mon habitacle.

J'enclenche la première, les huit cylindres rugissent, me voilà parti. Tout doux au départ, puis après trois tours, j'augmente le rythme. Au cinquième tour je suis à fond, dès lors je soigne ma trajectoire et j'aligne les tours, me sachant observé. De temps en temps une voiture vient à ma hauteur. J'essaie de garder ma ligne et de ne pas faire d'erreur. Intérieur, extérieur, je ne bronche pas, je soulage à peine l'accélérateur ; je ne pars ni en dérapage que les américian nomment "spin", ni ne vais brosser le mur. Parfois nous faisons un tour complet côte à côte, je tiens. Le temps passe, les tours s'accumulent, je sens ma concentration baisser un peu, je décide de rentrer au stands. Je sors du cockpit et je retrouve l'écran du chat, et là : surprise.

En fait, la voiture qui se portait à ma hauteur, cherchait en réalité à m'arrêter. Gary s'était pris pour Starsky et Hutch en pleine poursuite épique. Pat me demande alors si je voyais le chat dans mon cockpit ? Non, je ne vois rien... Première leçon : aller cocher la case "Driving Screen Chat" dans l'onglet "Other" du menu "Options". Et depuis, mon cockpit n'est plus l'havre de paix où je me retrouvais seul avec mon pilotage et Xavier, mon spotter.

Dès lors, les véritables tests pouvaient commencer. Premier exercice : contrôle de la trajectoire. En activant la ligne idéale de trajectoire, la suivre sans que les roues intérieures ou extérieures ne la franchissent. Pour cet exercice, il ne faut pas partir trop vite. La ligne idéale n'est pas forcément la trajectoire que l'on suit d'habitude, donc prendre ses points de repère, puis augmenter le rythme en faisant attention aux conséquences en entrée de courbe. La ligne idéale doit rester bien au milieu du cockpit.

Deuxième exercice : précision de conduite. Deux voitures vont se garer l'une à côté de l'autre, sur la piste, juste après la ligne d'arrivée. Entre elles, la place d'une troisième voiture. Pat nous demande alors de l'accompagner via l'écran du replay, en choisissant la vue cockpit de sa voiture. Il fait ainsi un tour et vient se garer entre les deux voitures immobiles sur la piste, puis immédiatement repart. Deuxième tour, il passe au ralenti entre les deux voitures en nous signalant que c'est ce que nous allons devoir faire. Une question reste posée à ce jour et dont je n'ai pas encore la réponse : comment fait-il pour frapper une phrase à son clavier tout en contrôlant sa voiture en plein virage ? Troisième tour, il passe à fond et... Ca passe ! A notre tour.

Premier concurrent, premier passage : carton ! Deuxième concurrent, premier passage cool, tout va bien. Deuxième passage, vite, ça passe. Troisième passage, légère touchette, la voiture de l'instructeur nommé Eric, qui est envoyée dans le muret, mais c'est passé tout de même, encourageant. C'est à mon tour. Premier passage au ralenti et je me rends compte que la marge d'erreur, s'il y en a une, est infime. Deuxième passage, dans la ligne droite, je lève le pied et me concentre sur l'étroit passage entre les voitures et là... Je réalise le plus beau "strike" de ma carrière. Seul petit problème, on n'est pas au bowling.

L'exercice suivant est une simulation de départ. Habitué au départ avec l'IA, cet exercice ne m'a pas paru difficile. Les départs en on-line, avec des pilotes en chair et en os, sont bien plus réalistes qu'avec l'IA, je dirai même, plus humains. Le dernier exercice consiste à exécuter des dépassements, aussi bien en inter qu'en exter. Ça démarre tranquille, mais très vite, tout le monde s'entremêle les crayons, ceux qui devraient être inter sont exter et vice-versa. Très vite, j'adopte la phylosophie de course là où s'ouvre la porte, je passe.

Il s'est passé 1 h 45 et le moment est venu du verdict des instructeurs et de leurs commentaires. C'est ainsi que je fus admis à l'école de niveau 2 avec la possibilité de participer aux trainnings de la CUP et au championnat Truck. Eric, l'instructeur se proposa de me donner quelques cours les mercredis soir. L'apprentissage pouvait commencer, ma carrière de pilote virtuel également, je devenais ainsi, en ce début d'octobre 2005, un nouveau simracer.

mardi 18 mars 2008

10 - UN DESIGNER DE TALENT


Pour participer à un championnat en ligne, il me faut fournir mes voitures avec mes couleurs, mes sponsors. Il me faut donc en passer par l'atelier de peinture de NR 2003. Mais on peut aussi effectuer ses créations dans un logiciel dessin plus performant que celui de Papyrus et importer son travail dans la simulation. Le seul problème, pour moi, c'est l'apprentissage de ce genre de logiciels ; le temps me manque pour entrer dans les arcanes de ces softs. Et puis tout le monde n'a pas des talents de designer, alors comment faire ?

Là encore la communauté du simracing a, parmi elle, de nombreux artistes qui sont devenus des spécialistes de la déco des bolides de courses. je me suis donc tourné vers l'un d'eux, célèbre en France, qui a réalisé de nombreuses voitures de Nascar, il s'agit de Philippe De Smet, plus connu sous le nom de Phil Wardog.




- Dans la réalité Phil, qui es-tu ?
- Je m'appelle Phillipe De Smet, j'ai 40 ans, je suis marié et j'ai deux petites filles. Je suis militaire, sous officier dans l'armée de l'air. J'habite un village, Bazancourt, à 20 km de Reims.
- Comment as-tu découvert la simulation automobile ?
- Je l'ai découverte avec Grand Turismo sur la PSone, il y a une dizaine d'année. Depuis j'ai joué sur toutes les versions du jeu. Ça en fait des voitures dans le garage... lol.
- Et les courses en online ?
- Je ne cours qu'en offline, contre l'IA sur NR 2003 et maintenant sur rFactor, je n'ai pas le temps de courir en online.
- Comment en es-tu arrivé à te consacrer au design des autos ?- Le design des autos est venu avec Nascar Racing 4, on pouvait déjà créer ses peintures dans le jeu. Cela fait quatre ans maintenant que je fais des décos régulièrement. Au début, je le faisais pour moi, puis peu à peu pour les autres. Aujourd'hui, ça me prend beaucoup beaucoup de temps.
- Sais-tu combien de réalisations sont signées Wardog ?- Le nombre de réalisations ?
- Mon Dieu, je n'en sais rien. Je n'ose même pas les compter. Sur mon site elles sont loin de toutes y être (http://babylone57.free.fr/). J'estime ma production à environ une bonne soixantaine de templates, plus d'une centaine de décos et environ une vingtaine de scènes 3D.
- Quels logiciels utilises-tu pour tes réalisations ?
- Pour la réalisation graphique, Paint Shop Pro. Pour visualiser les voitures, Zmodler et pour les render, 3DSmax.
- Il est indéniable que tu es devenu célèbre dans le milieu du simracing, comment expliques-tu cette notoriété ?
- Je crois qu'elle s'est faite grâce à la qualité de mes réalisations. Je suis toujours à la recherche du petit défaut sur mes peintures. Je n'aime pas avoir un petit pixel qui se ballade, lol.
- Tu travailles sur quelles simulations en générale ?
- Actuellement je travaille uniquement sur rFactor.
- Si on est un piètre designer et que l'on voudrait s'en remettre à tes talents pour réaliser une déco, comment faut-il faire ?
- Pour me passer commande, il suffit de me contacter sur les différents forums où je poste, sur mon livre d'or sur mon site également. Les discussions se font ensuite par courriels ou sur MSN. Mais je dois préciser qu'en ce moment je ne prends plus de commande, du fait que d'autres projets occupent tout mon temps créatif.
- Et quels sont ces projets ?
- Je travaille sur trois projets de mod pour rFactor. Le mod GP2 avec une équipe de RacingFR, le mod CTS avec une équipe de Sim Racing Alliance et un autre mod en préparation. De temps en temps, je fais quelques templates pour des mods à venir ou déjà existants. Tout cela représente un énorme travaille et donc beaucoup de temps, trois à quatre heures par jour, minimum.



Propos receuillis en septembre 2005.


lundi 17 mars 2008

9 - L'UNIVERS DE NR 2003




Un autre aspect de la simulation va se révéler à moi peu à peu. L'univers fantastique qu'ont développé les passionnés de simulation et de NASCAR, grâce aux possibilités extraordinaires de NR 2003, qui en font aujourd'hui et sans doute encore pour longtemps, à l'image du Grand prix Légend du même éditeur, une référence en matière de simulation de course automobile et de NASCAR.

Mes premières découvertes furent les "mods". NR 2003 est un programme "ouvert", c'est-à-dire que les informaticiens, amateurs ou professionnels, ont accès aux codes du jeu et peuvent ainsi le modifier, l'améliorer, étendre ses possibilités. C'est ainsi que l'on peut trouver, sur Internet, toutes sortes de circuits autres que ceux qui sont proposés par la simulation. Des voitures également aux couleurs de telle ou telle saison, il est donc possible de changer son carset (les 43 voitures du jeu) pour le carset de la saison en cours avec toutes les voitures, leurs sponsors et leurs pilotes. On trouve également des tableaux de bord à télécharger. Version jour, version nocturne ; voilà de quoi se concocter un habitacle unique ou reproduire celui de Jeff Gordon, par exemple (voir par exemple le site de Masgrafx Racing).

Mais ces passionnées ne se sont pas arrêtés là et ils ont créé tout simplement de nouveaux championnats complets avec leur propre type de voiture et leur comportement spécifique, pour pouvoir coller encore plus à la réalité. Ce sont les "mods", téléchargeables gratuitement.

Ainsi NR 2003 peut se retrouver affublé, en plus du championnat d'origine (la CUP), un championnat Busch (GNS) qui est dans la réalité la division deux de la NASCARr. Du championnat Truck (CTS) qui sont des pickups de 500 chevaux équivalent à la division trois, reproduisant ainsi la totalité du championnat de NASCAR. Le talent des modeurs a rendu ces championnats aussi performants que celui d'origine avec des comportements d'autos aussi proches de la réalité que le sont celles de la Cup.

L'imagination des modeurs ne s'est pas limitée à la NASCAR. Un mod IRL a vu le jour, le championnat de monoplaces américaines courrant sur ovales également, histoire de courir les 500 Miles d'Indianapolis, par exemple. Ça va vite ! Beaucoup plus vite qu'en NASCAR. De quoi mesurer le talent d'un Sébastien Bourdais.

Il n'y a pas que les ovales, en effet, dans le championnat Nextel (Sprint aujourd'hui), il existe deux circuits routiers, dont les sensations de conduite sont, elles aussi, excellentes. alors pourquoi se limiter aux championnats sur ovales ? Un mod Trans Am, le championnat GT américain sur circuits routiers, existe aussi, avec ses propres autos, ses propres circuits. Ainsi on peut rouler sur le Glen version longue, celle qui fut utilisée, il y a longtemps, par les F1, mais aussi sur le célèbre Sebring, le mythique Laguna Seca ou encore la version routière de Daytona.
Circuit improbable empruntant les Champs Elysées à Paris

Le paquebot, la célèbre tribune des officiels des 24 Heures du Mans, de nuit


Le nombre de mods disponibles pour NR 2003 est impressionnant, on trouve de tout. On peut même rouler sur des circuits européens, tels que Magny-Cours, l'ancien Nürburgring ou le circuit des 24 Heures du Mans. Ainsi NR 2003 échappe à son univers premier et n'a de limite que celui du talent de ces informaticiens passionnés de la communauté du "simracing", la course en simulation.

Mod IROC

lundi 10 mars 2008

8 - RETOUR EN PISTE

Une semaine plus tard, je tentais de nouveau l'expérience, osant même échanger quelques mots avec les participants. Sur la piste, je tins ma place, toujours en m'écartant dès qu'un concurrent grossissait dans mes rétros, puis je tentais de le suivre quelques tours. Je prenais un peu d'assurance. À la troisième expérience, je tentais de participer aux qualifications. Douze participants et à mon grand étonnement, je me qualifiais cinquième. Or, sur la piste, il m'avait semblé être le plus lent. Porté par cette place inattendue, je restais calé dans mon siège, en me disant que je faisais sans doute une grossière erreur.

En effet, en offline, mes plus gros problèmes étaient, et le sont toujours, les départs au beau milieu de la meute et les restarts. Problèmes partiellement résolus en partant systématiquement de la dernière ligne. Le "portière contre portière" avec cette IA, qui démarre en trombe, pneus froids ou pas, et qui n'autorise aucune faute de pilotage ni d'écart de trajectoire fût-il minime, se soldait invariablement par un crash, ou une poussette qui me relégué en queue de peloton. Alors quand j'entendis le fameux "Gentlemen, start your engine !" j'ai ressenti comme une horrible angoisse.

Et bien non, tout s'est bien passé. Mieux même, au bout de la ligne droite, je dépassais deux concurrents, habitué que j'étais des départs canons de l'IA. De plus, les concurrents n'étaient pas à touche-touche, ce départ-là m'a paru plus vraisemblable. Mais ma joie fut de courte durée, car au virage 2, tout le monde me repasse. Perturbé, intimidé, en deux tours, je me retrouve seul, ils étaient déjà loin.
Les tours se succédèrent, peu à peu j'oubliais le "online", je me concentrais sur mon pilotage et prenais mes marques. Finalement, une voiture apparut au bout de la ligne droite, la concentration monta d'un cran. Peu à peu, je le rattrapais et je restais derrière lui pendant quelques tours. Visiblement, ce concurrent n'avait pas plus d'expérience que moi. Il n'avait, semble-t-il, aucune connaissance de la piste et ne savait où se situer sur celle-ci, car à chaque entrée de virage, sa trajectoire était différente. En ligne droite, il était tantôt en haut, tantôt en bas, souvent au beau milieu, imprévisible. Concentré sur mon adversaire, attendant la faille qui me permettrait de le doubler, je fus surpris quand Xavier, mon fidèle spotter, me susurra à l'oreille : "Voici le leader" . Ils étaient déjà là ! On était à peine au quart de la course.

Ainsi se révéla à moi la quantité de travail qui me restait à effectuer pour ne serait-ce que les suivre. J'ai fini à l'antépénultième place, à six tours du leader, totalement épuisé mais tellement content, le goût de la compétition renaissant.


lundi 3 mars 2008

7 - BALBUTIEMENT EN ONLINE

Sur le manuel d'utilisation de NR2003, au chapitre "Mutijoueur - l'épreuve de vérité" il est écrit de visiter les sites et les forums etc. C'est ce que je fis, moi qui n'utilisais Internet uniquement pour consulter ma messagerie, commander mes billets de train ou acheter mes CD et DVD, ignorant tous des chats, forums et autres blogs. Me voici d'un coup expulsé de l'âge de pierre de la toile électronique, où je m'étais confortablement installé. Pas évident de comprendre désolé quand s'affiche "dsl", ni "mdr" pour mort de rire, encore moins "lol" pour éclat de rire et "klr" n'apparaît pas si clair que ça. Après les menus britishs du jeu, me voici confronté à un nouveau jargon. Point de doute, mon apprentissage ne se passerait pas uniquement derrière mon volant. C'est tout un monde que j'allais découvrir.

Sites, forums, après quelques heures de lecture, le petit monde de la simulation de course automobile commençait à me devenir familier. Un soir je fis le grand saut. Après que Xavier Pingenot m'ait expliqué, au téléphone, comment utiliser le menu multiplayer, je me connectais.

C'est ainsi que j'ai découvert le chat, où l'on parlait une drôle de langue. Outre de comprendre le jargon des participants, l'autre difficulté fut de savoir qui parlait à qui. Je suis resté "silencieux", observant, puis j'ai cliqué sur "DONE" et je me suis retrouvé dans mon cockpit au calme.

Première, deuxième, troisième... Me voici sur la piste, au milieu des autres pilotes de chair et de sang, intimidé, comme pour la première fois, il y a bien longtemps, ou je quittais les stands, pour rejoindre la piste, sur le circuit de Carole, à Paris, au guidon de mon cyclo. Première constatation, les pilotes ont une trajectoire bien différente de l'IA, et surtout conservent une marge de sécurité bien plus grande quand ils se doublent. Malgré cette première impression plutôt positive, je restais sage sur la piste ayant comme seul souci de ne gêner personne. J'ai ainsi brossé, plus que je n'aurai dû, le mur extérieur, par excès de prudence. Puis, le moment des qualifications est enfin arrivé et je me suis retiré, épuisé. C'était en juin 2005.