
21 h 05, il est tant de se connecter. Sur l'écran du chat, la conversation bat son plein, personne ne roule. Pour moi, le plus dur est de comprendre qui parle à qui. Les questions fusent, les réponses arrivent trois à quatre lignes plus bas. Un charabia où la seule chose que j'arrive à comprendre, c'est qu'on est plusieurs à passer les tests. Mais qui est l'instructeur et qui est l'élève ? Soudain un certain PT#13 dit : "JC roule un peu pour te faire au circuit. J'en déduis que c'est de moi qu'il s'agit, je clique sur DONE et me voilà de nouveau au calme, dans mon habitacle.

J'enclenche la première, les huit cylindres rugissent, me voilà parti. Tout doux au départ, puis après trois tours, j'augmente le rythme. Au cinquième tour je suis à fond, dès lors je soigne ma trajectoire et j'aligne les tours, me sachant observé. De temps en temps une voiture vient à ma hauteur. J'essaie de garder ma ligne et de ne pas faire d'erreur. Intérieur, extérieur, je ne bronche pas, je soulage à peine l'accélérateur ; je ne pars ni en dérapage que les américian nomment "spin", ni ne vais brosser le mur. Parfois nous faisons un tour complet côte à côte, je tiens. Le temps passe, les tours s'accumulent, je sens ma concentration baisser un peu, je décide de rentrer au stands. Je sors du cockpit et je retrouve l'écran du chat, et là : surprise.
En fait, la voiture qui se portait à ma hauteur, cherchait en réalité à m'arrêter. Gary s'était pris pour Starsky et Hutch en pleine poursuite épique. Pat me demande alors si je voyais le chat dans mon cockpit ? Non, je ne vois rien... Première leçon : aller cocher la case "Driving Screen Chat" dans l'onglet "Other" du menu "Options". Et depuis, mon cockpit n'est plus l'havre de paix où je me retrouvais seul avec mon pilotage et Xavier, mon spotter.

Dès lors, les véritables tests pouvaient commencer. Premier exercice : contrôle de la trajectoire. En activant la ligne idéale de trajectoire, la suivre sans que les roues intérieures ou extérieures ne la franchissent. Pour cet exercice, il ne faut pas partir trop vite. La ligne idéale n'est pas forcément la trajectoire que l'on suit d'habitude, donc prendre ses points de repère, puis augmenter le rythme en faisant attention aux conséquences en entrée de courbe. La ligne idéale doit rester bien au milieu du cockpit.
Deuxième exercice : précision de conduite. Deux voitures vont se garer l'une à côté de l'autre, sur la piste, juste après la ligne d'arrivée. Entre elles, la place d'une troisième voiture. Pat nous demande alors de l'accompagner via l'écran du replay, en choisissant la vue cockpit de sa voiture. Il fait ainsi un tour et vient se garer entre les deux voitures immobiles sur la piste, puis immédiatement repart. Deuxième tour, il passe au ralenti entre les deux voitures en nous signalant que c'est ce que nous allons devoir faire. Une question reste posée à ce jour et dont je n'ai pas encore la réponse : comment fait-il pour frapper une phrase à son clavier tout en contrôlant sa voiture en plein virage ? Troisième tour, il passe à fond et... Ca passe ! A notre tour.

Premier concurrent, premier passage : carton ! Deuxième concurrent, premier passage cool, tout va bien. Deuxième passage, vite, ça passe. Troisième passage, légère touchette, la voiture de l'instructeur nommé Eric, qui est envoyée dans le muret, mais c'est passé tout de même, encourageant. C'est à mon tour. Premier passage au ralenti et je me rends compte que la marge d'erreur, s'il y en a une, est infime. Deuxième passage, dans la ligne droite, je lève le pied et me concentre sur l'étroit passage entre les voitures et là... Je réalise le plus beau "strike" de ma carrière. Seul petit problème, on n'est pas au bowling.

L'exercice suivant est une simulation de départ. Habitué au départ avec l'IA, cet exercice ne m'a pas paru difficile. Les départs en on-line, avec des pilotes en chair et en os, sont bien plus réalistes qu'avec l'IA, je dirai même, plus humains. Le dernier exercice consiste à exécuter des dépassements, aussi bien en inter qu'en exter. Ça démarre tranquille, mais très vite, tout le monde s'entremêle les crayons, ceux qui devraient être inter sont exter et vice-versa. Très vite, j'adopte la phylosophie de course là où s'ouvre la porte, je passe.

Il s'est passé 1 h 45 et le moment est venu du verdict des instructeurs et de leurs commentaires. C'est ainsi que je fus admis à l'école de niveau 2 avec la possibilité de participer aux trainnings de la CUP et au championnat Truck. Eric, l'instructeur se proposa de me donner quelques cours les mercredis soir. L'apprentissage pouvait commencer, ma carrière de pilote virtuel également, je devenais ainsi, en ce début d'octobre 2005, un nouveau simracer.
